TDAH : mythe ou réalité?
Le TDAH chez l'Adulte : Au-Delà des Idées Reçues.
Le Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) reste largement méconnu du grand public. Même le milieu médical n'échappe pas aux idées reçues sur ce trouble neurodéveloppemental qui affecte environ 1,4 million d'adultes en France (2,5% de la population) – avec une prévalence égale entre hommes et femmes, bien que les diagnostics soient souvent sous-estimés chez ces dernières, et nous verrons pourquoi.
Il faut l'admettre : le sujet divise. Entre idéologie, craintes des médicaments, mauvaise image de la psychiatrie, les opinions s’opposent. D’un côté les sceptiques "le TDAH n'existe pas", c’est une mode ou une excuse pour un manque de volonté. De l’autre, de nombreuses personnes qui se reconnaissent dans un spectre de symptômes, présentant une singularité du fonctionnement cérébral exécutif, qui peut compliquer la gestion du quotidien, les relations sociales et les responsabilités professionnelles.
Le TDAH est-il une pathologie, une simple différence, ou une inadéquation avec les attentes de notre société ? Qui est inadapté : la personne neurodivergente ou un système trop rigide ? En tant que psychopraticienne spécialisée en accompagnement du TDAH chez l’adulte à Maisons-Laffitte et dans les Yvelines, je vous propose ici un éclairage objectif pour démêler le vrai du faux. Ensemble, explorons les mythes les plus tenaces, les signes révélateurs du trouble, et des stratégies pratiques pour mieux vivre avec, que vous soyez diagnostiqué ou non. Vos particularités ne sont pas un obstacle : avec les bonnes clés, elles peuvent devenir de véritables forces.
Les enfants agités : l’arbre qui cache la forêt
Le TDAH est encore souvent associé aux garçons hyperactifs qui ne tiennent pas en place à l'école, certes! Mais il ne s’agit là que d’une forme qui occulte les autres, en particulier chez les filles, où l’inattention et la rêverie prédominent, symptômes invisibilisés parce qu’elles les masquent et compensent avec le perfectionnisme attendu de la gentille petite fille. Chez les jeunes filles adolescentes, le trouble peut notemment se cacher derrière un désintérêt généralisé pour les études, sans hyperactivité marquée. L’inattention ne se voit pas mais se stigmatise derrière la honte d’une supposée paresse qui n’en est pas une. Les symptômes du TDAH évoluent avec l’âge. En effet, des études ont montré que si les symptômes d’inattention persistent à l’âge adulte, l’hyperactivité, elle, diminue, et l’impulsivité peut, en revanche augmenter.
État des lieux d’un éventail de symptômes incapacitants
Comparativement au trouble autistique, le TDAH se présente comme un spectre de symptômes multiples et d’intensités variables. Pour les répertorier, les classifier, et en faciliter sa lecture, il se décline sous trois types :
Inattentif : Difficulté à se concentrer, oublis, rêverie. Souvent chez les femmes, il passe inaperçu car moins "bruyant", elles compensent, masquent et recherchent en silence ce qui “cloche”, jusqu’à un diagnostic tardif vers quarante ans.
Hyperactif-impulsif : Agitation, impulsivité (interruptions, achats compulsifs…).
Combiné : Mix d’inattention et d’hyperactivité.
Chacune de ces 3 formes peut présenter une grande variété de symptômes qui évoluent avec l’âge. On retrouve cependant des traits communs quelque soit le type, et ce n’est pas l’hyperactivité qui prédomine, notamment à l’âge adulte :
Capacité d'attention réduite pour les tâches quotidiennes régulières et routinières (devoirs, corvées, etc.)
Problèmes d'organisation et de planification (comme avoir une chambre en désordre, toujours être en retard, etc.)
Distractibilité
Procrastination
Problèmes de suivi
Mauvais contrôle des impulsions (dire ou faire quelque chose avant d'y avoir réfléchi)
Difficile régulation émotionnelle
Dopamine mon amour
Bien loin d’un simple manque de volonté, ces traits sont présents dans l’enfance et à l’âge adulte. Le cerveau ne fonctionne pas de la manière attendue socialement selon des enjeux de performance, de dynamisme, d’actions, ou d’efforts… La personne TDAH régule en fonction de son intérêt, de ce qu’elle aime, de ce qui lui procure du plaisir immédiat, car elle est en manque constante de dopamine, l’hormone de la récompense. Tout ce qui est ennuyeux est donc de l’ordre de l’impossible pour un cerveau TDAH. Il lui faut trouver des stratagèmes pour le booster, le mettre sur un rail et le propulser, car c’est une dynamo qui s’ignore, capable aussi d’hyper focus et de ne rien lâcher pour obtenir ce qu’il veut.
Les personnes atteintes de TDAH traversent souvent des phases de "down", des moments d’épuisement intense suivant un pic d’activité cérébrale. Ces épisodes sont liés à une chute des niveaux de dopamine et de noradrénaline, survenant après des expériences très stimulantes – qu’il s’agisse d’un événement procurant un plaisir intense ou d’une tâche exigeant une concentration maximale. Ces baisses peuvent parfois frôler un état quasi dépressif, rendant indispensable une anticipation de ces phases, ou une acceptation et un lâcher prise si l’on est pris de court. Planifier des moments de repos et de récupération structurés est crucial pour recharger ses batteries. Sans diagnostic ni prise en charge, ces fluctuations peuvent parfois favoriser l’apparition de comorbidités, comme la dépression.
Il s’agit donc avant tout de comprendre comment fonctionne le cerveau TDAH, quels sont les mécanismes et moyens pour se recharger en dopamine de manière saine, et pouvoir ensuite impulser une dynamique de changement. Et croyez-moi, c’est possible !
Honte et culpabilité : masque double-face du TDAH
Épuisement. Pas celui de courir un marathon, mais celui d’un simple geste, comme ouvrir un placard. Pour une personne avec TDAH, cette tâche anodine peut devenir écrasante, parfois au point de provoquer une paralysie décisionnelle de plusieurs heures. Un cerveau "typique" peine à comprendre cet état, et voici comment je l’explique. Ce n’est pas la paresse qui rend l’ouverture du placard si lourde. Pour une personne avec TDAH, cette action n’est pas une décision isolée : une fois le placard ouvert, elle représente la partie visible de l’iceberg, qui cache ensuite une multitude de choix, et de conséquences, un "trop" qui submerge et décourage.
Fatigue sociale. De la même manière, les évènements sociaux nécessitent une attention extrême, demendant un contrôle permanent pour ne pas faire d’impair. Toute interaction sociale est suivie d’une régulation intense et de rumination du moindre mot qui a été prononcé. Déjà vulnérable et en surcharge sensorielle constante, toute nouvelle perturbation extérieure devient insupportable, et se régit avec impulsivité (agacement, irritabilité, colère, frustration).
Il est inavouable de se sentir fatigué d’un rien et la personne TDAH peut s’isoler dans un cycle destructeur de procrastination et d’anxiété.
En France, le parcours de diagnostic est un vrai défi : actuellement, en région parisienne, l'hôpital public ne prend plus de nouveau patient. Les listes d'attente (qui étaient déjà de plus d'un an) sont clôturées. Les psychiatres et les médecins généralistes ne sont pas tous formés à ce trouble invalidant. Certains spécialistes vous renvoient vers des neuropsychologues pour pratiquer des tests onéreux et non pris en charge. Le processus est long mais poser un diagnostic permet d’abord de porter de la conscience et de la compréhension sur son parcours de vie. Le diagnostic est essentiel, car il permet aussi de poser les bases d’une nouvelle hygiène de vie et d’éduquer les proches, pour pouvoir sortir des mécanismes de honte et culpabilité.
Une personne TDAH peut très bien vivre normalement et sans contrainte particulière. C’est la souffrance qui est un indicateur et doit être un moteur pour chercher de l’aide. Quand le quotidien n’est plus gérable on peut parler de pathologie, mais il est tout à fait possible de vivre bien avec un TDAH.
Focus sur la Ritaline
La Ritaline (méthylphénidate) est un médicament stimulant qui booste la dopamine et la noradrénaline, aidant à améliorer l'attention et réduire l'impulsivité.
Ce médicament ne rend pas dépendant. Les personnes qui en prennent témoignent qu’elles l’oublient souvent sans ressenti physiologique de manque.
Quand vous avez un TDAH, il n’est pas systématique de prendre de la ritaline, parfois elle peut en effet agraver les troubles. Seul un médecin compétent peut vous en prescrire en fonction du type et du spectre des symptômes et à la suite d’analyse médicales approfondies. Ne pas en prendre est toujours possible, comme de ne pas donner de lunettes à une personne mal-voyante. Elle resterait mal-voyante alors qu’elle pourrait peut-être voir mieux.
Oui les lobbys pharmaceutiques existent, et c’est vrai aussi pour le paracétamol. Le TDAH n’est pas plus sujet aux lobbys que d’autres pathologies pour booster les ventes de ritaline.
Quel que soit le traitement prescrit, une psychothérapie est indispensable pour sortir des schémas de fonctionnement auto-destructeur et utiliser ses capacités d’ultra-focus pour développer ses passions, sa créativité et in fine mieux vivre avec un TDAH.
Mes 8 conseils pour mieux vivre avec un TDAH
Commencez un parcours de diagnostic.
Planifiez du repos après les évènements susceptibles de puiser votre énergie. Soyez selectif avec l’energie que vous donnez et à qui vous la donnez. Pour une personne avec un TDAH il est difficile et culpabilisant de se relaxer. Reposez-vous !
Faites une liste de tous les comportements addictifs ou destructeurs que vous avez mis en place et qui vous desservent.
Identifiez les activités que vous aimez faire et qui vous procurent du plaisir.
Fixez-vous graduellement de petits (très petits) objectifs pour : 1/ laisser tomber (doucement) ce qui vous nuit et 2/ ajouter chaque jour dans votre vie beaucoup plus de ce qui vous fait du bien.
Donnez-vous du temps. Le changement est un long chemin, mais le cerveau est plastique et chaque pas compte.
Ne vous accablez pas pour les pas de côté, voyez-les pour ce qu’ils sont : des pas de côté.
Récompensez-vous pour vos efforts et célébrez tous vos petits pas.
Si vous lisez ceci, toutes mes félicitations pour cette belle attention et votre engagement !
#Ni psychologue #ni médecin : Je ne suis pas psychiatre, je ne prescris pas de médicaments, je n’établis pas de diagnostic. Je vous aide à surmonter vos difficultés et mettre en place de nouveaux comportements anti-sabotage, positifs, résilients et durables. Mon avis n’est pas médical. Suivre une psychothérapie contribue à l’hygiène mentale, tout comme le sport et une alimentation équilibrée.